Un collectif d'habitants de Saint-Béat, village des
Pyrénées meurtri par les inondations de juin a décidé de porter plainte
contre l'Etat pour non-assistance à personne en danger.
La plainte a été déposée cette semaine à la gendarmerie de Saint-Béat. Le collectif "Sortir de le l'eau", né après les inondations de juin dans les Pyrénées a
décidé de porter plainte contre les pouvoirs publics pour
non-assistance à personne en danger. Il vise le refus qu'opposent selon
lui les services de l'Etat à leurs demandes pressantes de travaux lourds
pour sécuriser la Garonne et empêcher une répétition plus grave des
inondations de juin.![]() |
© Laurence Boffet / France 3 Midi-Pyrénées Saint-Béat, le 5 novembre 2013 |
"On a peur qu'il arrive une autre catastrophe, avec peut-être des morts" Alain Frisoni du collectif "Sortir de l'eau"
L'inquiétude des habitants
Saint-Béat vit dans "la psychose" de nouvelles inondations, ont affirmé à l'AFP Alain Frisoni et et Luce Lagacherie, chevilles ouvrières d'un collectif qui compte selon eux 750 membres alors que la commune n'a que 400 habitants. "Dès qu'il pleut trop fort, les gens font le tour du village pour savoir s'il faut remonter les meubles", dit M. Frisoni. "On se sent en danger moral et physique", abonde Mme Lagacherie. Selon eux, l'inquiétude est vive avec l'arrivée des intempéries hivernales, suivies au printemps par la fonte des neiges. Le collectif avait déjà dénoncé "l'abandon de l'Etat" en organisant un barrage filtrant dans la commune le 22 octobre dernier.Saint-Béat a été durement touché en juin quand, sous l'effet des pluies et de la fonte de volumes de neige exceptionnels, la Garonne s'est transformée en torrent recouvrant les rues sous presque deux mètres d'eau. Plus de cinq mois après, le village peine à revenir à la vie.
Deux visions opposées après la crue
Le collectif et l'Etat s'opposent sur l'analyse du problème. M. Frisoni et Mme Lagacherie voudraient faire endiguer la Garonne dans Saint-Béat. Ils brandissent l'exemple des aménagements auxquels ont procédé les Espagnols sur le fleuve de l'autre côté de la frontière voisine. Les travaux effectués en Espagne augmentent leur angoisse car la puissance du fleuve risque de s'en trouver redoublée sur le versant français, disent-ils.Le préfet de la Haute-Garonne, Henri-Michel Comet, admettait lundi que Français et Espagnols n'avaient "pas la même façon de faire". "Nos amis espagnols mettent le cours d'eau dans un canal. Evidemment, les risques sont plus immédiatement maîtrisés. Mais ça présente deux inconvénients: au regard de la protection de la nature; et en termes de sécurité, cela reporte le risque sur l'aval, l'eau circule encore plus vite, sans obstacle et cela peut créer une vague de plus en plus ample sur l'aval", disait-il. Les Français préfèrent que le fleuve suive son cours naturel et s'étale dans des champs d'expansion. Cette vision est aussi celle des défenseurs de l'environnement, soulignait-il.
(Retrouver l'article sur le site de France 3 Midi-Pyrénées)